Orléans, capitale française du raffinage du sucre

Orléans, capitale française du raffinage du sucre

Le sucre est connu par les Européens depuis l’Antiquité, mais il reste rare et coûteux jusqu’à la fin du Moyen Âge. Au XVIIIe siècle, la France est le premier pays européen consommateur de sucre et s'approvisionne en canne à sucre depuis les Antilles. La première raffinerie orléanaise est créée en 1665 par Georges Vandenberghe. Une quarantaine d'années plus tard, en 1704, l'une des plus importantes s'installe dans le quartier Dessaux : la raffinerie Jean Guignebaud. A partir du XVIIIe siècle, Orléans est considérée comme le premier pôle de raffinage du royaume de France. En 1800, on y comptabilise trente-neuf établissements. Finalement, la dernière sucrerie d’Orléans, celle de Chavannes fondée en 1846, cessera son activité en 1867.

Les fouilles archéologiques attestent l’importance de cette industrie en révélant deux types de céramiques produites massivement à Orléans : les formes à sucre et les pots à mélasse. Ces vases fonctionnent ensemble et participent au processus de cristalisation du sucre en pain en permettant l'écoulement du sirop appelé « mélasse ». En effet, jusqu’en 1854, le sucre existe uniquement sous forme de pain, le cassage s’effectuant à l’aide d’un couperet et d’un marteau. 

Orléans, French capital of sugar refineries

Sugar has been known since Antiquity by the European people, but it remained rare and expensive until the end of the Middle Ages as it camefrom faraway countries. In the 18th century, France was the largest sugar consumer in Europe,importing sugar cane from the Antilles.The first sugar refinery in Orléans was founded in 1665 by Georges Vanderberghe. In 1704, forty years later, one of the most important refineries in Orléans was built in the Dessaux district, the Jean Guignebaud refinery. From the 18th century, Orléans has been considered to be the first refining center in the kingdom of France : in 1800, there were thirty-nine refineries in the town. The refinery of Chavannes, which was the last one still in service, was active from 1846 to 1867.

Archaeological excavations give evidence of the importance of this industry, as they unearthed two types of ceramics massively produced in Orléans at that time : sugar pots and molasses pots. Sugar pots are of a conical shape in order to house a sugarloaf, a hole at the bottom of the pot allowing the syrup to drop and crystallize. Molasses pots are cylindrical pots which were used to collect the syrup, also called molasses, dripping from the cones of sugar. The ceramics were glazed on the inside. Until 1854, sugar actually existed only as sugar loaves which had to be broken into smaller pieces using a cleaver and a hammer.

 

Formes à sucre (crédits : Ch. Camus, Musées d'Orléans, 2019)
Formes à sucre (crédits : Ch. Camus, Musées d'Orléans, 2019)
Pots à mélasse (crédits : Ch. Camus, Musées d'Orléans, 2019)
Pots à mélasse (crédits : Ch. Camus, Musées d'Orléans, 2019)

Les céramiques de raffinage

Aux XVIIIe et XIXe siècles, les céramiques de raffinage produites à Orléans sont exportées dans le Val de Loire et notamment à Nantes, où elles sont acheminées par voie fluviale.

Les marques de potiers, également appelées « timbres », permettent d’identifier ces différents ateliers. Une dizaine de noms ont été recensés. Parmi eux, citons Laurent Gilbert (1824 – 1844) installé rue Tudelle, ou encore Adam Thory (1839 – 1851) dans la rue de la Grille.

Les formes à sucre et pots à mélasse sont cuits dans des fours à céramiques. Le sucre étant placé dans les formes pendant environ six semaines, il est donc nécessaire pour les raffineurs de disposer d’importants stocks de céramiques de raffinage. Les inventaires conservés de certaines raffineries orléanaises mentionnent en moyenne 50 000 pots et formes à sucre présents dans chaque établissement.

Mais les recherches archéologiques ne sont pas le seul moyen de retrouver ces céramiques. Avec le déclin des raffineries au début du XIXe siècle, les formes à sucre ont souvent été réutilisées dans les maçonneries et sur les têtes de cheminées (mitrons). Il suffit de lever la tête dans les rues d’Orléans pour en apercevoir.

Cet ensemble de céramiques de raffinage est constitué des deux types de vases évoqués. Les formes à sucre sont des vases coniques percés au niveau de la pointe. Les pots à mélasse prennent la forme de pots cylindriques surmontés d’un rebord annulaire et sont systématiquement recouverts d’un vernis intégral imperméable à l’intérieur. Ils tirent leur nom de leur fonction : recueillir la mélasse qui s'écoule depuis les formes à sucre placées au-dessus d'eux.

Formes à sucre

XVIIIe siècle

Saint-Denis-en-Val

Terre cuite

H. 33 cm, diam. 16.5 cm ;  H. 38 cm,  diam. 19.3 cm ;  H. 43 cm, diam. 21.3 cm ; H. 59 cm, diam. 24.2 cm

Orléans, Pôle d’archéologie

Pots à mélasse

XVIIIe siècle

Saint-Denis-en-Val

Terre cuite

H. 20 cm, diam . 14 cm ; H. 18 cm, diam. 13.5 cm (fendu) ; H. 24.5 cm, diam. 19 cm ; H. 31 cm, diam. 24 cm

Orléans, Pôle d’archéologie

Date de modification : 8 juillet 2020

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