Balsamaire anthropomorphe
Lycée Saint-Euverte
Orléans
Cet objet en bronze provient du site du lycée Saint-Euverte, plus précisément des remblais de démolition comblant une cave gallo-romaine après son abandon. Le quartier d'habitat auquel appartenait la cave s'est mis en place au cours du Ier siècle apr. J.-C., en limite de la zone urbanisée de Cenabum. Toutefois, il est progressivement abandonné à partir de la fin du IIe siècle ou au début du IIIe siècle, suite à quoi les caves sont remblayées avec des matériaux de construction et du mobilier des habitations adjacentes. Le mode de construction des bâtiments ainsi que le mobilier découvert laissent penser qu'il s'agissait d'une population plutôt aisée.
Un ustensile de toilette sophistiqué
Le terme « balsamaire » désigne un petit récipient d'époque romaine destiné à contenir des parfums ou des baumes, l'origine du mot étant balsamum (« huile parfumée », « baume »). Plusieurs catégories différentes en sont connues, et notamment celles des vases plastiques anthropomorphes en bronze. Ce type de balsamaire est très standardisé : ils sont généralement pourvus d'une ouverture circulaire sans col au sommet du crâne, fermée par un couvercle à charnière, ainsi que d'une anse mobile. Le buste creux du personnage représenté constitue la panse du récipient. L'iconographie des balsamaires anthropomorphes se répartit en plusieurs types, dont les plus utilisés sont celui du jeune homme, les représentations d'Éthiopiens ainsi que les sujets bacchiques (liés à Bacchus, le dieu du vin).
Le balsamaire du lycée Saint-Euverte adopte la forme d'un buste de jeune homme nu, tronqué sous la poitrine et avec seulement l’amorce des bras. Le visage est ovale, les lèvres charnues et l’expression du visage impassible. La chevelure est courte, bouclée et épaisse. Il s'agit ici du type le plus courant des vases plastiques anthropomorphes, à savoir les bustes juvéniles. Le traitement de la chevelure et de la physionomie n'est d'ailleurs pas sans rappeler les représentations d'Antinoüs, favori de l'empereur Hadrien (117-138).
Une fonction encore discutée
Si l'on parle aujourd’hui le plus souvent d'un balsamaire comme d'un vase à parfum – ce qu'indique déjà son étymologie –, l'usage des vases plastiques anthropomorphes reste encore mal défini. L'absence de goulot ou de bec verseur met en doute leur emploi pour des liquides. Certains chercheurs ont proposé l'hypothèse d'un produit sec, granuleux ou en poudre, comme des poudres à parfums ou encore des épices coûteuses.
L'objet fera prochainement l'objet d'une restauration.
Rédaction de la notice par Noémie Wavrer.