Une préhistoire orléanaise mal connue

Les découvertes concernant la Préhistoire à Orléans sont rares car elles sont difficiles à observer dans un contexte fortement urbanisé. Elles se limitent essentiellement à des silex taillés. Ce sont donc les fouilles archéologiques réalisées en-dehors de la zone urbaine qui permettent de se faire une idée de l’occupation d’Orléans à cette période, en particulier dans le Val, au sud de la ville.

L’occupation des bords de la Loire à l’emplacement d’Orléans est avérée dès le début du Paléolithique (800 000 – 8 000 av. J.-C.). Le biface présenté ici représente, à ce jour, la plus ancienne trace d’occupation humaine à Orléans. Il date de l’Acheuléen (800 000 – 100 000 av. J.-C.), une civilisation préhistorique qui s’étend de l’Afrique jusqu’en Chine et qui se caractérise par une grande production de bifaces.

Au Mésolithique (9 600 – 5 500 av. J.-C.), les vestiges matériels sont plus nombreux. Des sites comme celui de la Motte-Sanguin, de la rue de la Mouillère ou du Val Ouest attestent une présence humaine plus intense. Il s'agit probablement de campements de chasseurs-cueilleurs qui se développent particulièrement à cette période. Le silex est utilisé pour produire des grattoirs, des burins et des pointes de flèches.

Les hommes du Néolithique (6 000 – 2 000 av. J.-C.) utilisent également des outils en pierre taillée qu’ils peuvent aussi polir à l’image des haches que l’on retrouve en grande quantité pour cette période. Elles témoignent de l’appropriation du milieu naturel par l’homme sous la forme d’une déforestation progressive afin d’installer des terres cultivées et des pâturages.

Orléans unfamiliar prehistory

Prehistory archaeological discoveries in Orléans are scarce, as it is quite difficult to notice them in an urban environment. They mostly include lithic pieces of furniture made of flint. Rural archaeological excavations have given scientists a better understanding of human dwellings, especially in a place called “le Val”, located in the south of Orléans.

Human occupation of the banks of the Loire, where Orléans stands nowadays, has been etablished from the beginning of Old Stone Age (Paleolithic, 800 000 – 8 000 BC). The bifacial-tool presented here is the oldest trace of human dwellings in Orléans. It dates back to the Acheulean period (800 000 – 100 000 BC), a prehistoric civilization geographically extending from Africa to China, and which was characterized by a huge production of biface-tools.

More items were found pertaining to Mesolithic (9 600 5 500 BC). Places like La Motte-Sanguin, rue de la Mouillère or Val Ouest testify to a more important human occupation, probably hunter-gatherers encampments, which were particularly expanding at that time. Flint was used to make scrapers, burins and arrowheads.

In the Neolithic age (6 000 – 2 000 BC), men used as well cut stone tools they could also polish, such as axes that were found in large quantities during this period. They give evidence of the appropriation of their natural environment, namely through a progressive deforestation in favour of cultivated lands and pastures.

Biface de la Manufacture des tabacs (crédits : Ch. Camus, musées d'Orléans, 2019)
Biface de la Manufacture des tabacs (crédits : Ch. Camus, musées d'Orléans, 2019)

Le biface

L’abbé André Nouel (1901-1971), éminent préhistorien régional, considérait cet objet comme le plus vieil outil de l’orléanais. Il a été découvert dans l’enceinte de l’ancienne Manufacture des Tabacs, lors de travaux de fondation pour l’installation d’une nouvelle machine. Ce magnifique biface représente l’outil universel de la période acheuléenne. Il a été façonné par l’Homo Heidelbergensis, qui a vécu dans cette région entre environ 1 100 000 et 350 000 av. J.-C.

Biface

Paléolithique (500 000 – 8 000 av. J.-C.)

Rue de la Manufacture (Orléans)

Silex

L. 25 cm, l. 9,6 cm

Muséum d’Orléans pour la Biodiversité et l’Environnement

Année de découverte : 1948

Particularité : silex gris bleuté avec quelques tâches rousses, conservé intact, non roulé et encore coupant

L'ensemble Mésolithique

La fin des glaciations, vers 30 000 ans av. J.-C., a provoqué l’arrivée d’une faune tempérée, composée d’animaux plus graciles que les mammouths et autres mammifères à l'épreuve des grands froids. L’Homo sapiens (homme de Cro-Magnon) a du adapter ses armes de chasse. La méthode de taille dite « technique du microburin », appelée ainsi d'après le nom du déchet qu'elle produit, visait à obtenir une pointe acérée et solide en fragmentant des lamelles en silex à partir d'un bloc brut, appelé « bloc de débitage ». Ce qui reste du bloc porte, en négatif, la trace des lamelles extraites. Elle a été développée dans le but d’obtenir des armatures en silex destinées à être aménagées à l’extrémité des flèches, à l’origine de l’invention de l’arc. Les flèches sont composites, les armatures étant scellées par une résine végétale à l’extrémité de la hampe, ainsi que sur un ou plusieurs côtés, formant les barbelures.

Cet ensemble a été découvert récemment, lors d’une opération de diagnostic réalisée par le Pôle d’Archéologie de la ville d'Orléans sur la ZAC du Val Ouest. Ces objets se caractérisent par l'emploi de la technique du microburin et illustrent les différentes étapes de la fabrication.

Bloc de débitage (crédits : Ch. Camus, Musées d'Orléans, 2019)
Bloc de débitage (crédits : Ch. Camus, Musées d'Orléans, 2019)
Lamelle en silex, Mésolithique (crédits : Ch. Camus, Musées d'Orléans, 2019)
Lamelle en silex, Mésolithique (crédits : Ch. Camus, Musées d'Orléans, 2019)
Lamelle en silex, Mésolithique (crédits : Ch. Camus, Musées d'Orléans, 2019)
Lamelle en silex, Mésolithique (crédits : Ch. Camus, Musées d'Orléans, 2019)
Armature en silex, Mésolithique (crédits : Ch. Camus, Musées d'Orléans, 2019)
Armature en silex, Mésolithique (crédits : Ch. Camus, Musées d'Orléans, 2019)
Armature en silex, Mésolithique (crédits : Ch. Camus, Musées d'Orléans, 2019)
Armature en silex, Mésolithique (crédits : Ch. Camus, Musées d'Orléans, 2019)
Bloc de débitage et lamelles

Mésolithique (9 600 – 5 500 av. J.-C.)

ZAC du Val Ouest (Orléans)

Silex

L. 5 cm,  l. 4,8 cm ; L. 4 cm, l. 1,3 cm ; L. 1,7 cm, l. 0,5 cm

Orléans, Pôle d’archéologie (inv. Iso 3, 147 et 178)

Année de découverte : 2018

Armatures

Mésolithique (9 600 – 5 500 av. J.-C.)

ZAC du Val Ouest (Orléans)

Silex

L. 2,4 cm, l. 1,6 cm ; L. 2,5 cm, l. 1,3 cm

Orléans, Pôle d’archéologie (inv. Iso 89, 648)

Année de découverte : 2018

La hache polie

La période néolithique (environ 6 000 à 2 500 av. J.-C.) voit l’arrivée, entre autres révolutions majeures, de l’élevage et de l’agriculture. Le gain de terrains cultivables se traduit par la déforestation de nombreuses surfaces boisées. L’invention de la hache répond à ces attentes.

Taillée dans un rognon de silex et insérée directement dans un manche en bois dans un premier temps, elle est par la suite polie sur un bloc de grès, puis emmanchée par l’intermédiaire d’une gaine façonnée dans un bois de cerf. Ces différentes évolutions ont pour but d’homogénéiser l’ensemble des éléments, rendant cet outil plus efficace en diminuant les risques de rupture. Cette méthode d’amortisseurs permet, par la réduction de la taille de l’objet, l’utilisation de roches métamorphiques plus résistantes que le silex, comme la dolérite, en provenance des différents massifs volcaniques. Un réseau d’échanges et de colportages de ces matières premières a été mis en évidence par plusieurs préhistoriens ces dernières années. Il s’agit là d’un des premiers commerces.

Hache en dolérite, Néolithique (crédits : Ch. Camus, Musées d'Orléans, 2019)
Hache en dolérite, Néolithique (crédits : Ch. Camus, Musées d'Orléans, 2019)
Hache polie

Néolithique (6 000 - 2 000 av. J.-C.)

ZAC du Val Ouest (Orléans)

Dolérite

L. 6 cm, l. 5 cm, H. 2,3 cm

Orléans, Pôle d’archéologie (iso 170)

Particularité : la dolérite est une pierre que l’on ne retrouve pas dans l’Orléanais

Date de modification : 8 juillet 2020

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