Fouille de l'ancien hôpital Porte Madeleine (phase 1)
Découvrez les principales découvertes réalisées lors de cette opération
Découvertes archéologiques sur l'ancien hôpital Porte Madeleine
Retrouvez ici les premiers résultats de cette fouille (phase 1)
Dans le cadre de la transformation du site de l'ancien hôpital Porte Madeleine, une fouille d'environ dix mois a été menée par le Service d'archéologie de la ville d'Orléans, entre fin janvier et début décembre 2022, avec une équipe composé de huit archéologues.
Une deuxième opération sur ce même site a débuté en octobre 2023 et se poursuivra jusqu'à la fin d'année 2024, élargissant largement la zone d'étude avec de nouvelles découvertes à la clef !
Pour en découvrir davantage sur cette fouille et suivre les principales découvertes (presque) en temps réel, visitez la page des actualités de la fouille de l'ancien hôpital !
Vous pouvez aussi explorer le site en visitant la Story Map créée à l'occasion des Journées Européennes de l'Archéologie 2022 !
La fouille de l’Hôpital Porte Madeleine a débuté le 31 janvier 2022 et s’est achevée le 02 décembre de la même année. L’intervention archéologique a lieu dans le cadre d’une profonde transformation du site de l’ancien hôpital, avec l’installation d’une partie de l’université d’Orléans conduisant à la construction de bâtiment universitaires, ainsi que l’aménagement d’îlots résidentiels, d’un jardin public, etc. L’opération s’est déroulée selon trois phases : la première entre janvier et juin 2022 a consisté à fouiller à l’emplacement des tranchées de réseaux situées sous les futures voiries desservant le site, sur une surface décapée d’environ 2850 m² ; la seconde entre juin et août 2022 correspondait à l’emplacement du parking souterrain du futur bâtiment universitaire, sur une surface décapée de 936 m² ; la troisième phase, entre octobre et décembre 2022, concernait l’emprise du futur bâtiment universitaire hors parking souterrain, sur une surface décapée de 1036 m².
Terrain naturel et premières occupations
Sur une grande partie de la surface explorée lors de cette opération, le substrat mis au jour correspond au faciès des sables et argiles de l’orléanais. Dans de rares secteurs, cet horizon est absent et le calcaire argileux apparaît alors directement sous les remblais anthropiques. On note la présence, sur la moitié sud du site, d’une couche de sable brun très fin qui recouvre les niveaux naturels et qui a livré quelques éléments de céramique non tournée et des silex taillés, témoignant d’une occupation de cet espace à la fin du néolithique ou au cours de l’âge du Bronze.
Antiquité
L’occupation antique se révèle assez peu dense, livrant principalement des vestiges liés à une occupation rurale : fossés parcellaires, fosses d’extraction de sable. Quelques ensembles sortent néanmoins du lot et contribuent à structurer cet espace durant l’Antiquité, comme un fossé à profil en V large de 2,20 m à l’ouverture et profond de 1,45 m, orienté nord-sud, qui pourrait correspondre à une limite parcellaire et daterait du début du Ier s. de notre ère.
Le plus remarquable pour cette période se situe à une trentaine de mètres plus à l’est : il s’agit d’une nécropole (fin Ier s. de notre ère jusqu’au milieu du IIIe s.) qui se développe à l’ouest d’un mur parcellaire traversant le site du sud-ouest au nord-est. De la sépulture située la plus au sud à celle située la plus au nord, la nécropole s’étend sur une longueur d’au moins 110 m et se poursuit certainement au-delà des limites de fouille. Cet espace funéraire présente des caractéristiques très marquées : uniquement des inhumations disposées en une seule rangée, perpendiculairement au parement ouest du mur parcellaire, uniquement des individus masculins adultes, utilisation systématique de cercueils avec dépôts monétaires et offrandes diverses (céramique, tablettes de défixion avec inscriptions en langue gauloise et latine, etc.). L’interprétation de cette nécropole, encore en cours d’étude, pose question : s’agit-il d’une nécropole urbaine accueillant une corporation particulière ou une catégorie spécifique de population ? Ou alors une nécropole familiale bordant le mur de clôture d’un domaine ?
À gauche : Tablette de défixion retrouvée dans une des sépultures de la nécropole (crédits : Antoine Cazin, la Fabrique de patrimoines en Normandie, 2023).
À droite : La même tablette, avec dessin des inscriptions en cursive latine et langue gauloise (crédits : Service d'archéologie, 2024).
Plus à l’ouest et après abandon de la nécropole, cet espace rural est traversé par un grand fossé (largeur 6 m, profondeur 3 m, profil en V) orienté nord-sud, probablement doublé d’un talus côté oriental. Son comblement a livré du mobilier compris entre le IIIe et le début du Ve s. Il pourrait ainsi s’agir d’un fossé défensif de l’Antiquité tardive, ou d’un repentir de fossé défensif, à mettre peut-être en relation avec la construction de l’enceinte tardo-antique d’Orléans au cours du 3e quart du IVe s.
Pour la période antique, la moitié sud de la parcelle de l’Hôpital Porte Madeleine renvoie donc l’image d’un espace rural situé en périphérie de la ville et de ses faubourgs, successivement traversé selon un axe nord-sud par au moins deux ensembles scindant l’espace et matérialisant la frontière (juridique ? symbolique ?) entre ville et campagne : un mur de clôture bordé à l’ouest par une nécropole aux caractéristiques inhabituelles, entre la fin du Ier s. et le IIIe s. ; puis un fossé défensif probablement doublé d’un talus à l’est, entre le IIIe et le Ve s.
Haut Moyen Âge
La parcelle de l’hôpital semble peu occupée durant le haut Moyen Âge et se situe clairement à l’écart de la ville. Seules quelques sépultures (six ont été découvertes : quatre lors de cette fouille, une lors du diagnostic archéologique en 2016 et une dans les années 1970), plus ou moins isolées, témoignent d’une occupation de ce secteur à cette période.
Moyen Âge
La densification de l’occupation intervient à partir du XIIIe s. À l’ouest du site, à proximité du Boulevard Jean Jaurès, la fouille a mis en évidence une exploitation rurale comprenant quelques bâtiments sur solins de pierre et poteaux, une mare, des vergers matérialisés par des fosses de plantation et des fossés parcellaires.
Côté est du site, le long de l’actuelle rue Croix-de-Bois (qui reprend un axe antique et médiéval), une industrie d’exploitation du calcaire se met en place sous la forme de multiples fosses d’extraction.
Au centre et en bordure sud du site, à quelques dizaines de mètres au nord de la rue Croix-de-Bois, une exploitation rurale assez similaire se met en place probablement vers le XIIIe s. Elle est remplacée vers le XIVe s. par un cimetière paroissial, d’une surface atteignant au moins 250 m². Celui-ci pourrait être associé à un établissement cultuel non découvert à ce jour, peut-être localisé entre la rue Croix-de-Bois et ce cimetière. Sur les 100 m² de ce cimetière ayant fait l’objet d’une fouille, 39 sépultures ont été mises au jour. À la même époque, le réseau viaire se densifie, avec l’installation d’un chemin creux nord-sud bordant le cimetière à l’est. Ce chemin creux perdurera pendant toute la période moderne. Le cimetière semble abandonné au début du XVe s., peut-être en lien avec les épisodes de la guerre de Cent Ans.
Période moderne
Le site de l’hôpital, jusqu’alors situé hors les murs, est englobé par la dernière enceinte urbaine suite à sa construction entre la fin du XVe et le début du XVIe s. Pendant tout le XVIe et une grande partie du XVIIe s., la moitié occidentale du site est occupée par l’arsenal et des buttes d’entraînement pour les arquebusiers. De nombreux apports de remblais et fosses aux fonctions indéterminées témoignent d’un aménagement du site dans ce but. La moitié orientale est progressivement lotie de parcelles avec maisons à pans de bois. Plusieurs caves et maçonneries trouvées lors des fouilles attestent de l’aménagement du quartier durant toute la période moderne. Avec la construction de l’Hôpital Général dans les années 1670, la moitié occidentale du site change de fonction et ne cessera d’évoluer et de se densifier.
Époque contemporaine
Les îlots d’habitation situés sur la moitié orientale du site seront détruits dans les années 1830/1840 pour l’installation du nouvel Hôtel-Dieu. Le site acquiert ainsi sa configuration actuelle à partir du milieu du XIXe s. La fouille de 2022 a largement permis de préciser l’organisation spatiale du site et son évolution par le biais des constructions et destructions successives de bâtiments hospitaliers, jusqu’au déménagement définitif de l’hôpital à La Source entre 2015 et 2017.