2023 : Matières premières en Europe au 1er Millénaire av. n. è.

Du 13 au 15 mai 2021 se déroulait à Gijón (Espagne) le 45ème colloque international de l’AFEAF intitulé "L’Europe des matières premières au 1er millénaire av. n. è. Exploitation, transformation, diffusion". Les actes du colloques ont été publiés en 2023.

C. Millereux a contribué pour un article à cet ouvrage, en tant qu'archéologue protohistorienne de l'Université Bordeaux Montaigne :

"Des bracelets en lignite ? La nature et l’origine des parures en matières sombres organo-minérales fossiles dévoilées grâce à la pétrologie organique : l’exemple des parures de la Tène finale de Châteaumeillant-mediolanum (Cher)" - Caroline Millereux et Bertrand Ligouis

Résumé

Les objets en matières noires organo-minérales fossiles (ou M.O.M.F.) - sapropélites, schistes bitumineux, charbons sapropéliques et jais (jayet) – parures et dans une moindre mesure vaisselles, sont fréquemment mis au jour sur les sites de l’âge du Fer. Ils constituent une production caractéristique des sociétés de la fin du premier millénaire en Europe. Pour autant, la question de leur provenance et de la nature des matériaux utilisés pour leur façonnage est loin d’être résolue. En cause, une carence de la recherche qui fait persister les archéologues à utiliser le terme « lignite », pourtant impropre. L’aspect similaire de ces matières organiques fossiles sombres rend leur détermination à l’œil nu difficile. Mais une approche pluridisciplinaire, par le recours à la pétrologie organique, permet aujourd’hui leur caractérisation et la détermination de leur origine géologique et géographique. Le centre de la France, et le territoire des Bituriges Cubes, se distingue des autres régions par la mise au jour d’un grand nombre d’anneaux sur des sites emblématiques tels que l’oppidum de Châteaumeillant-mediolanum (Cher). La découverte d’une centaine de bracelets, lors des fouilles récentes de la réserve archéologique (2001-2018), nous amena à réaliser une série d’analyses inaugurant la recherche de l’identification des matériaux utilisés à la fin de l’âge du Fer dans le Centre de la France. Ce travail a pour objectif de définir des filiations entre les objets archéologiques découverts et les sources géologiques et centres de production à partir desquels ils ont été fabriqués. Cet article propose de présenter les premiers résultats de cette discipline et de donner un aperçu de ses aboutissements qui semblent prometteurs pour le renouvellement de nos connaissances sur ces objets et ces matériaux. Elle vise à définir à long terme le potentiel de diffusion des centres de production fonctionnant à la fin de l’âge du Fer à l’ouest de l’Europe. Elle ouvre également la voie pour une nouvelle réflexion visant à (re)déterminer la place cette industrie, aujourd’hui encore trop méconnue, et pourtant emblématique des sociétés celtiques.