Des inhumations inhabituelles, rue Porte-Saint-Jean

Trois inhumations plutôt inhabituelles ont été mises au jour par les agents du Pôle d'archéologie lors du diagnostic accompagnant la requalification de la rue Porte-Saint-Jean. Elles ont été découvertes fin septembre-début octobre 2019.

Des squelettes en ville ...

Ce n'est pas la première fois que des squelettes sont découverts lors des travaux de réfection des réseaux en centre-ville. On retiendra ici les exemples de la rue Saint-Euverte, de la rue d'Escures, ou de la rue Saint-Paul au début de l'été 2019. A chaque fois, il s'agissait de sépultures intégrées dans un espace funéraire bien défini, notamment autour des églises Saint-Euverte, Saint-Pierre-du-Martroi, Saint-Paul. Les squelettes étaient allongés, probablement disposés dans des contenants de type cercueil.

... mais d'un type très particulier

Rue Porte-Saint-Jean, le cas de figure est très différent.

Tout d'abord la localisation, les trois inhumations sont installées sur le tracé de l’actuelle rue Porte Saint Jean, à l’écart de tout lieu de culte connu. Aucune église ancienne ne se trouve à proximité immédiate. Il ne s'agit donc pas d'un espace funéraire à rattacher à un cimetière paroissial.

C'est surtout la forme des structures qui est ici très étonnante. Tout d'abord, les trois individus ont été déposés dans des creusements de plan circulaire de 0,80 m de profondeur environ. De plus, ils ne sont pas installés, comme c'est le cas généralement, en position allongée.

Le premier est à genoux, le buste relevé et les mains derrière le dos (sans doute liées). Le second et le troisième sont assis, les jambes repliées, les mains également attachées dans le dos.

Les trois squelettes, une fois lavés, ont fait l'objet d'une analyse anthropologique préliminaire. Ceci a permis de déterminer le sexe des individus. Il s'agit de trois femmes. Il faudra attendre les analyses plus poussées dans les prochains mois, pour connaître les circonstances exactes de leur mort. Aucun signe visible sur les os ne témoigne de traumatisme. La position des corps suggère l'hypothèse d'un enfouissement vif, c'est à dire que ces femmes auraient pu être enterrées vivantes.

Aucun objet (arme, ustensile), élément de vêtements (boutons, boucle de ceinture) ou dépôt rituel (offrande de nourriture, vases en céramique) n’ont été découverts à proximité des corps.

Pour le moment les éléments de datation à disposition indiquent une mise en terre des défuntes au plus tard à la fin du Moyen-Âge. Le contexte de découverte pose question puisqu'elles semblent avoir été enterrées sur le bord de la voie menant à Châteaudun, en limite de la ville médiévale d'Orléans. Là aussi, les études à venir permettront d'en savoir plus.

Des hypothèses à vérifier

Actuellement, la découverte de ces trois corps interroge. Aucun cas comparable n'est connu en France, en l'état de nos recherches. Il faudra attendre les datations radiocarbone des ossements pour connaître la période exacte de l'ensevelissement. Les causes des décès restent aussi à éclairer. Les sources écrites médiévales à notre disposition mentionnent des châtiments sévères tels que la peine d'ensevelissement vivant appliquée pour l'essentiel aux crimes de vols, meurtres et adultères.

Cette notice sera mise à jour dans les prochains mois.

Réseaux et archéologie

Depuis mai 2019, le projet de requalification des voiries rues Porte-Saint-Jean et voies limitrophes donne lieu à une surveillance archéologique. Sous couvert d'un arrêté de prescription de diagnostic émis par l'Etat (SRA), les archéoloques du Pôle d'archeologie de la ville d'Orléans, sous la responsabilité de Maryse Parisot, effectuent les observations, relevés et fouilles nécessaires à la compréhension des niveaux mis au jour dans l'emprise des tranchées de réseaux réalisées quant à elles par la maîtrise d'ouvrage Eiffage.

Ce sont pour l'essentiel deux tranchées de 0,80 m de large pour une profondeur moyenne comprise entre 0,80 et 1 m qui ont ainsi été ouvertes sous les trottoirs de la rue actuelle, permettant aux archéologues d'entrevoir les traces du passé.

Date de modification : 1 septembre 2021

Partager sur