Etude du bâti, 18 rue Etienne Dolet

Relevé en élévation de la façade sud (rue Etienne-Dolet) montrant les restitutions des différentes phases.
Relevé en élévation de la façade sud (rue Etienne-Dolet) montrant les restitutions des différentes phases.

La maison édifiée à la fin du XVe siècle ou au début du siècle suivant (phase 1) se caractérise par une façade à panneaux de croix de Saint-André, dont les étages sont encorbellement. Chaque étage est ouvert par une fenêtre à meneau et à traverse (croisée) encadrée de deux petits jours rectangulaires. Le comble était doté d’une lucarne-pignon.

Cette dernière fut probablement remplacée par la lucarne actuellement visible, plus petite, à la fin du XVIe siècle ou durant la première moitié du XVIIe siècle (phase 2). C’est peut-être à cette époque qu’est supprimé l’encorbellement grâce au recul de la paroi aux étages.

À l’occasion de l’élargissement du carrefour situé à l’angle des rues Étienne-Dolet et Saint-Éloi, la façade est amputée de sa travée orientale (phase 3 hypothèse 2 ou phase 4). À chaque étage, le panneau oriental de croix de Saint-André est supprimé.

Dans la 2e moitié du XVIIIe siècle (phase 4), les pièces de bois de la façade sont peintes avec un pigment ocre-jaune. C’est sûrement à cette époque que les fenêtres principales des étages sont agrandies par la suppression de leur meneau et de leur traverse, tandis que les petits jours latéraux sont condamnés. La façade sera recouverte d’un enduit au plâtre au XIXe siècle (phase 5).

Vue de l'escalier en vis de la maison (fin XVe - début XVIe siècle), avec noyau sculpté (1er étage).
Vue de l'escalier en vis de la maison (fin XVe - début XVIe siècle), avec noyau sculpté (1er étage).

Les étages et le comble du corps de logis construit à la fin du XVe ou au début XVIe siècle étaient desservis par un escalier en vis dans-œuvre, qui subsiste encore au nord-est du bâtiment. Son noyau comporte un décor sculpté de main-courante enroulée en spirale et il est orné à son sommet d’un chapiteau mouluré, type d’ornementation caractéristique de certaines habitations orléanaises de cette période. Les parois sud et ouest de la cage d’escalier sont constituées de pan de bois à grille.

La cave était accessible, quant à elle, par un escalier droit en pierre ouvert par une trappe dans l’angle sud-ouest du rez-de-chaussée. Cette trappe était donc située immédiatement derrière l’ancienne porte d’entrée de la maison, à l’extrémité ouest de la façade rue Etienne-Dolet. Il est probable que le local du rez-de-chaussée servait de boutique et que les étages étaient voués au logement.

Plan de la maison 18 rue Etienne-Dolet/1 rue Saint-Eloi.
Plan de la maison 18 rue Etienne-Dolet/1 rue Saint-Eloi.

Le corps de logis principal (a), à l’angle des deux rues, est élevé à la fin du XVe siècle ou au début du XVIe siècle. Seul son mur oriental est en maçonnerie, les trois autres sont en pan de bois. Dans la cour (d), trois bâtiments sont construits à la fin du XVIe siècle ou dans la première moitié du XVIIe siècle. Il s’agit de l’aile ouest (b), reliée à l’ancien corps de principal (a) par l’intermédiaire d’un escalier logé dans une cage hors-œuvre (e) permettant de compenser la différence de niveau entre les deux corps de bâtiments. Au nord, le fond de la cour est occupé par une autre aile (c) formée d’un petit corps de bâtiment en appentis.

Vue du décor sculpté de la cage de l'escalier en encorbellement dans la cour (fin XVIe – 1ère moitié XVIIe siècle).
Vue du décor sculpté de la cage de l'escalier en encorbellement dans la cour (fin XVIe – 1ère moitié XVIIe siècle).

Cette maison constitue l’un des rares exemples de bâtiment en pan de bois orléanais conservant un décor sculpté de la Renaissance classique (fin XVIe – 1ère moitié XVIIe siècle). Des tresses à œillets ornent les limons de l’escalier, tandis que les poteaux sont couverts de feuilles d’acanthe. Le garde-corps, doté de balustres à double-poires, était initialement ajouré.

Vue du sondage réalisé dans le comblement d'un ancien jour du 2e étage, montrant les vestiges des différents modes de fermeture.
Vue du sondage réalisé dans le comblement d'un ancien jour du 2e étage, montrant les vestiges des différents modes de fermeture.

Le châssis originel en bois pivotait sur des gonds et était logé dans une feuillure située au nu interne de la paroi. Il a été remplacé au XVIIIe siècle par un panneau de verre fixé à l’arrière de tasseaux en bois cloués sur les piédroits.

Vue d'une Croix de Saint-André du comble de la façade sur rue, recouverte de pigment ocre-jaune.
Vue d'une Croix de Saint-André du comble de la façade sur rue, recouverte de pigment ocre-jaune.

Comme de nombreuses maisons orléanaises, c’est probablement au XVIIIe siècle que l’ensemble des  pièces de bois de la façade rue Etienne-Dolet est peint en ocre-jaune. Ce traitement chromatique s’accompagna par une réfection du hourdis à l’aide d’un enduit peint en blanc.

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