4 - 6 juin 2025

La céramique très décorée dans l’Europe du Nord-Ouest (XIIème-XVème siècle) : 30 ans après le colloque de Douai

Dernière modification : 2 juin 2025

Dans le cadre du colloque international de Beauvais sur la céramique très décorées, M. BARRY-FOLLET (Etudiante en M2 d'archéométrie, Université de Bordeaux), C. Harivel (SAVO), W. Laurent (SAVO) et S. Jesset (SAVO) du Service d'archéologie proposent la communication suivante :

Les cruches romanes polychromes orléanaises

Caractérisation morphologique, décorative et pétrographique

Résumé

Les cruches en céramique « très colorées » produites en Orléanais (1050-1150) ont été identifiées pour la première fois à Orléans, lors de la fouille de la Charpenterie en 1997, à l’emplacement d’une ancienne résidence élitaire mérovingienne, jouxtant le palais du Châtelet sans doute établi dans le courant du IXe s. Depuis, plusieurs sites de la même période, dans la ville même (prieuré de la Madeleine, rue Saint-Flou/Zac Bourgogne, place du Cheval Rouge), ou dans les communes voisines (Trainou, Ingré, La Chapelle-Saint-Mesmin, Dadonville), ont livré des éléments similaires, systématiquement associés à des contextes privilégiés.

Parmi une cinquantaine d’occurrences de cruches référencées sur une quinzaine de sites, toutes datées des XIe et XIIe siècles par chronologie relative et le mobilier associé, un échantillonnage des tessons a démarré en vue d’en étudier la composition. Ces cruches « très colorées » combinent différents types d’engobes, de glaçures et d’argiles dans l’objectif d’obtenir un jeu de couleur allant du rouge au vert en passant par le jaune et l’ocre pour rehausser la glaçure translucide au plomb.

L’examen macroscopique attentif de chaque vase a permis de restituer la chaîne opératoire et de distinguer les différentes étapes de la mise en forme/façonnage. Ce premier travail, combiné à des observations microscopiques et à des analyses physico-chimiques des argiles, engobes et glaçures, a permis de caractériser une productionen partie locale de haute technologie, parfaitement maitrisée.

La richesse des apports plastiques (bandes rapportées, perles, pastilles, appliques figuratives), mais également des techniques décoratives (incisions, moulage, modelage…) prolongent individuellement des techniques en place localement dès le IXe s., mais qui, ici combinées, font de ces cruches de véritables œuvres d’art, sans doute créées à la commande pour l’élite orléanaise. Les rares scènes figuratives identifiées, fragmentaires, permettent de s’interroger sur le caractère symbolique de certaines représentations (religieux ou mythologiques) : autant de pistes pour identifier les commanditaires.

Vase aux sirènes (A. Ricci, 2024)
Vase aux sirènes (A. Ricci, 2024)
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