Des bacs pour le travail des peaux...rue des Tanneurs
Premiers résultats du diagnostic archéologique réalisé au n°4 quai du Châtelet
Le diagnostic archéologique réalisé fin 2015 au n° 4 quai du Châtelet a permis la découverte, entre autres vestiges de plusieurs bacs de tanneurs de la période moderne. Dix bacs et cuves maçonnées avec du mortier de tuileau ont été mis au jour. Ils étaient utilisés pour le tannage des peaux c'est à dire l'étape de la transformation de la peau en cuir.
On disposait, dans ces cuves, les peaux en couches successives, alternées avec des couches de tan, c'est à dire des écorces de chêne réduites en poudre. Le trempage de cet ensemble permet au tanin de l’écorce de se dissoudre, durcissant ainsi les peaux. Le traitement peut durer, suivant la taille des peaux et des fosses, entre six et huit mois. Le tannage traditionnel descend rarement en dessous de 90 jours de traitement total. À la sortie des fosses, les cuirs sont balayés pour faire tomber la tannée.
La nécessité de garder une humidité constante durant cette phase explique ainsi l’emploi de mortier de tuileau, parfaitement étanche. Les fosses sont probablement à l’air libre, dans un espace de cour ou sous un auvent que le diagnostic n’a pas permis de mettre au jour. La multiplicité des fosses s’explique par la nécessité d’effectuer trempages successifs avec différents tans, qui durent chacun plusieurs mois. La capacité de production d’un atelier est donc dépendant du nombre de fosses à disposition. Les espaces vides entre les cuves correspondent très probablement à des espaces de circulation, utilisés pour le transfert des peaux et des mannes à tan (corbeilles en osier dotées de deux poignées, destinées au transport du tan).
Enfin, il convient de mentionner la présence presque systématique de cornes et de chevilles osseuses de bovidés sur les sites de tannerie, comme c'est le cas ici. En effet, les peaux étaient souvent apportées des boucheries toutes proches non désossées, c’est-à-dire avec le crâne, la queue et le bas des membres (métacarpes et métatarses).
La chronologie de cet ensemble artisanal reste très imprécise, mais il semblerait que la tannerie soit abandonnée à la fin du XVIIIe siècle ou au début du XIXe siècle. D'après l'Almanach du département du Loiret, le dernier tanneur présent dans la rue du même nom, cesse son activité en 1844.
Date de modification : 5 mars 2020