Germain DU FAUR DE PIBRAC (1812-1886)

J'ai plus d'une fois quitté l'antique légende et la vieille charte, pour descendre dans l'intérieur du sol lui-même et demander aux couches de la terre ce que les pages de l'histoire ne pouvaient plus m'apprendre.

De Pibrac (A.) Mémoire sur un cimetière celtique trouvé à Beaugency, Séance du 21 janvier 1859, Mémoires de la Société d’agriculture, sciences, belles-lettres et arts d'Orléans, T.4, 1860, p.97-151.

Portait du Comte Du Faur de Pibrac (Fond SAHO, Fi 04-20)
Portait du Comte Du Faur de Pibrac (Fond SAHO, Fi 04-20)

Germain-Philippe-Anatole Comte Du Faur de Pibrac est né à Orléans le 3 février 1812. Il est mort dans cette même ville à son domicile du 12 rue des Anglaises, le 8 janvier 1886.

Issu d’une famille de la noblesse, il fait des études au Petit-Séminaire d'Orléans, puis au Collège royal Stanislas à Paris, avant d’être admis en 1832 à l'École Polytechnique. Après son diplôme, il entre dans l’artillerie en 1835, mais abandonne rapidement cette voie pour suivre les cours de l'Ecole des Chartes, où il s’adonne à ses domaines de prédilection dans lesquels il excellera par la suite : l’étude de la paléographie, des antiquités et de l'histoire.

En 1843, alors âgé de 22 ans il est admis à la Société des sciences, belles-lettres et arts d'Orléans. Il publiera dans les mémoires de cette société la plupart de ses articles.

En 1863, sous l’impulsion de l’abbé Desnoyers il participe à la fondation de la société archéologique et historique de l’Orléans. Il devient en 1865 correspondant national de l’illustre Société des antiquaires de France.


Première inscription de Cenabum découverte dans le faubourg Saint-Vincent en 1865 (Du Faur de Pibrac, 1865 dans le BSAHO)
Première inscription de Cenabum découverte dans le faubourg Saint-Vincent en 1865 (Du Faur de Pibrac, 1865 dans le BSAHO)

Avant tout un homme de terrain

Il est l’un des premiers, si ce n’est le premier dans la région, à réaliser des fouilles menées avec intelligence, comprenant le dégagement stratigraphique et le relevé des vestiges, ainsi que l’étude des objets recueillis. À la suite, il rédige des rapports pour présenter les résultats, enrichis d’exemples pris dans les ouvrages de références de l’époque. L’ensemble est rapidement publié pour être porté à la connaissance de tous. En ce sens, sa démarche est la même que celle des archéologues d’aujourd’hui.

Parmi les travaux les plus importants qu’il a conduits, on signalera la fouille en 1856 des thermes de la villa gallo-romaine de Verdes (Loir-et-Cher), près des limites du département du Loiret. À cette occasion il met au jour de vastes mosaïques dont il effectue de fidèles relevés.

On le retrouve en 1857, l’année suivante, à Beaugency où il effectue avec une subvention obtenue de la ville d’Orléans, l’une des premières « fouille de sauvetage » à l’emplacement d’une carrière en cours d’exploitation. Une trentaine de fosses sont explorées à cette occasion. Du Faur de Pibrac croit reconnaître des « puits funéraires celtiques » qui serviront bientôt de référence à toute une génération d’archéologue. Si on sait aujourd’hui qu’il s’agissait en fait de structures du haut Moyen Âge destinées au stockage des céréales, cela n’enlève rien à la qualité des observations faites à cette occasion. À ce titre on peut être étonné devant la précision de son analyse de la céramique qui comporte outre une description des argiles, celle des formes et décors, accompagnée d’un dessin où apparaît le profil du vase, exactement comme les normes actuelles !

C’est par la suite sur Orléans qu’il va s’illustrer avec la fouille du puits des Minimes en 1864 qu’il conduira lui-même avec ses mains, puis la même année celle d’une zone située au nord de l’église Saint-Euverte où il met au jour trois niveaux de cimetières superposés allant de l’Antiquité à l’époque médiévale.

Enfin, il est le découvreur en 1865 de la première inscription de Cenabum sur une dalle de marbre retrouvée dans les travaux du chemin de fer dans le faubourg Saint Vincent.

Eh bien ! le mémoire de M. de Pibrac est bon, parce qu'il ne s'appuie que sur des documents certains, parce qu'il apporte des preuves, parce qu'il n'a pas été fait avec précipitation, parce qu'il ne donne pas pour une certitude ce qui n'est qu'une présomption, parce qu'il ne substitue pas les rêves de l'imagination aux faits de l'histoire. Il y a là de la méthode, de l'ordre et de la logique.

De Torquat (E.), Rapport au nom de la section des belles-lettres, sur le mémoire ci-dessus, séance du 3 août 1860, Mémoires de la Société d’agriculture, sciences, belles-lettres et arts d'Orléans, T.VI, 1861, p.33.

Le style du Faur de Pibrac

Si ses écrits son plein d’humour, à l’exemple des propos qu’il tient à l’encontre de l’ouvrage de Beauregard qui place Genabum à Marigny-les-Usages, il sait également être très dur contre les archéologues malhonnêtes et autres historiens peu scrupuleux comme Vergnaud-Romagnésy dans certaines affaires.

Dans d’autres ouvrages il montre une remarquable clairvoyance, à l’instar de l’article « le cultivateur et l’archéologue » dans lequel il aborde l’immense potentiel d’informations détenues par les agriculteurs à force de labourer les champs, l’importance des découvertes en milieu rural et la nécessité de collecter tous ces renseignements.

Enfin, il est un précurseur avec les idées de « corpus de référence », de « typo-chronologie » et celle « d’ensemble clos » toujours d’actualité en archéologie.

Un homme au service d’Orléans et du patrimoine

Les élections de 1865 lui permettent d’intégrer le Conseil Municipal d’Orléans. Il est nommé un peu plus tard membre de la commission des bâtiments civils.

« Il sut, dans ces diverses fonctions, justifier la confiance dont on l'avait honoré. De remarquables rapports témoignèrent, en de nombreuses circonstances, que les préoccupations administratives s'alliaient toujours en lui au culte des souvenirs historiques.

En 1865, le Conseil, sur sa proposition, votait 3.500 fr. applicables au payement des bronzes de Neuvy-en-Sullias, achetés 7.080 fr. pour le musée historique, par M. Mantellier, son éminent directeur ».

La mort le privera d’achever un monumental ouvrage sur l’Hôtel-Dieu. Longtemps administrateur des Hospices d’Orléans, il avait eu accès aux archives et registres qu’il avait dépouillé et pris en note sur plus de 3000 fiches. Ces documents inestimables sont encore conservés par la Société Archéologique et historique de l’Orléanais.


Pour en savoir plus

Allocution de M. Tranchau, inspecteur d’Académie honoraire, élut Président de la Société, Bulletin de la Société Archéologique et Historique de l’Orléanais, n°128, 1886, p.405-408.

Boucher de Molandon , Germain-Philippe-Anatole Cte Du Faur de Pibrac, Élève de l'École polytechnique, Conseiller municipal et administrateur des Hospices d'Orléans, Officier d'académie,Membre de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, de la Société d'agriculture, sciences, belles-lettres et arts, de l'Académie de Sainte-Croix d'Orléans, etc. Notice nécrologique lue en séance de la société archéologique et historique, Bulletin de la Société Archéologique et Historique de l’Orléanais, n°129, 1886, p.457-493.

Bibliographie de l'article

1863

Mémoires sur les fouilles du puits des Minimes, Séance du 6 mars 1863, Mémoires de la Société d’agriculture, sciences, belles-lettre et arts, 1864, T.8, p.244-267 + 2 planches.

1864

Fouilles de Saint-Euverte : rapport adressé à M. le Maire d'Orléans, 1864, 8 p.

1865

Notice de M. Dufaur de Pibrac [inscription romaine trouvée faubourg Saint Vincent], Bulletin de la Société archéologique de l'Orléanais, n°47,1865, p. 234-243.

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