Orléans et les bombardements de juin 1940

Orléans et les bombardements de juin 1940

La position stratégique d’Orléans, au nord de la Loire, fait de la ville une cible privilégiée en cas d'attaque par l'aviation allemande. Ainsi, elle subit un premier bombardement dans le quartier des Murlins le 6 juin 1940, puis un second le 15 juin, qui s’étend cette fois-ci à la quasi-totalité de la ville. Le bilan de ces bombardements est très lourd : outre les pertes humaines, une partie du patrimoine de la ville a disparu. Toutefois, la plupart des destructions sont davantage dues aux incendies qui ont suivi les bombardements qu’aux bombardements eux-mêmes.

Dès le 1er juillet 1940, une circulaire préfectorale invite la municipalité à prendre toutes les mesures nécessaires pour la sécurité de la circulation et les questions d’hygiène. Une partie des ruines est déversée dans la Loire, une autre est utilisée pour combler les nombreuses excavations du centre-ville. Au printemps 1941, le vaste chantier de déblaiement prend fin.

En 2012, à l'occasion des fouilles archéologiques menées place du Cheval-Rouge et place De Gaulle, de nombreux objets témoignant de la vie de l'entre-deux-guerres sont mis au jour, conservés jusqu’alors dans les comblements des trous d’obus. Ils permettent de donner un instantané de la ville d’Orléans au moment des bombardements de juin 1940.

Orléans and the bombings of June 1940

Because of its location at the north of the river Loire, Orléans was a designated target in case of bombardment. On the 6th of June 1940, a first bombing aimed at the Murlins district occurred, whereas the second one, on the 15th of the same month, targeted the whole city. In the aftermath of the bombings and of the fires that ensued, the toll on the city’s heritage was heavy.

Rapidly, on the 1st of July 1940, the local authority took security and hygiene measures, ensuring the clearing of the debris. The amount of debris was divided into two, one part discharged in the river, while the other was used to fill the numerous holes in the city centre. In the spring of 1941, the construction work was over.

In 2012, at the occasion of archaeological excavations carried out Places du Cheval-Rouge and De Gaulle, a lot of items pertaining to everyday life in the interwar period were unearthed from the previously filled shell holes. Such objects are precious testimonies of life in the city of Orléans during this period.

Patins à roulettes (crédits : Ch. Camus, Musées d'Orléans, 2019)
Patins à roulettes (crédits : Ch. Camus, Musées d'Orléans, 2019)

Les patins à roulettes

La première paire de patins à roulettes est créée par John Joseph Merlin en 1760, mais ils ne cessent de se développer dans les deux siècles suivants. En 1863, l’Américain James Leonard Plimpton invente les « rocking skates » (« patins à bascule »), composés de quatre roues en bois montées sur deux essieux mobiles. A la fin du XIXe siècle sont créées des fédérations de patins à roulettes, puis au début du XXe siècle, des championnats dans cette discipline. La première fédération française date de 1910, suivie de près par les premiers championnats de France.

Ces patins à roulettes ont été découverts en 2012, dans le comblement d'une cave de la rue du Cheval-Rouge. Il s'agit de patins en fer extensibles qui possèdent des roulettes en acier. On retrouve ce type de jouet dans le catalogue Manufrance de 1910, sous le modèle « Matador ». Manufrance est le nom commercial qui désigne la Manufacture française d’armes et cycles de Saint-Etienne. Cette entreprise est créée en 1885 et devient la première société de vente par correspondance française. Essentiellement spécialisée dans les bicyclettes et les fusils de chasse, elle vend tout de même d’autres produits, notamment des articles ménagers ou encore des jouets.

Patins à roulette

XXe siècle

Parking du Cheval-Rouge (Orléans)

Acier

L. 25 cm, l. 9 cm, H. 8 cm

Orléans, Pôle d’archéologie (inv. 184_MOB_191)

Année de découverte : 2012

Droit de la médaille de gymnastique (crédits : Ch. Camus, Musées d'Orléans, 2019)
Droit de la médaille de gymnastique (crédits : Ch. Camus, Musées d'Orléans, 2019)
Revers de la médaille de gymnastique (crédits : Ch. Camus, Musées d'Orléans, 2019)
Revers de la médaille de gymnastique (crédits : Ch. Camus, Musées d'Orléans, 2019)

La médaille de gymnastique

La Fédération Gymnastique et Sportive des Patronages de France (FGSPF) est une fédération sportive et catholique française créée en 1898 par le Dr. Paul Michaux. Il s’agit avant tout d’une fédération gymnique, mais elle adopte également rapidement le football comme sport de référence, suivi après la Première Guerre mondiale par d’autres sports, comme par exemple le basket-ball. Le premier concours officiel des patronages catholiques a lieu le 24 juillet 1898 à Issy-les-Moulineaux. Dès lors, des compétitions régionales et des championnats de France sont organisés tous les ans. Les grands concours dits nationaux avec la participation de gymnastes catholiques étrangers sont moins fréquents. Le premier concours national est celui de Nancy en 1911, suivi des concours de Metz (1920), Strasbourg (1921), Paris (1923), Rouen (1927), Alger (1930), Nice (1932) et enfin Paris (1937).

Lors de ces concours nationaux, la culture physique est profondément liée à une formation spirituelle. La compétition a lieu le samedi et se répartit en deux catégories, les « pupilles » (benjamins et minimes) et les « adultes » (cadets, juniors, seniors). Le dimanche s’ouvre sur la messe militaire en mémoire des soldats morts pour la France, suivie d’un défilé en ville, véritable démonstration de force et de discipline. L'après-midi a lieu un festival sportif qui se clôture avec la remise du drapeau de la fédération à l’association championne, signe de la victoire qu’elle conserve jusqu’au prochain concours. C’est donc le drapeau de la victoire que tient l’homme sur la médaille découverte à Orléans.

Cette médaille de gymnastique a été découverte dans le comblement d’une cave au niveau de l’actuel parking du Cheval-Rouge. Datée de 1927, elle porte sur l’avers l’inscription « Fédération Gymnastique et Sportive des Patronages de France » en partie supérieure, suivie de la représentation d’un trophée composé d’équipements sportifs (raquettes, fusil, batte etc.) surmonté d’un encadré énonçant « Concours national de Rouen, 23-24 septembre 1927 » en partie inférieure.

A titre indicatif, le concours de Rouen comptabilise 15 000 participants. Cela peut sembler peu au vu des 28 000 participants au concours de Paris en 1923, mais cela reste un effectif remarquable pour un événement de ce genre.

Médaille

1927

Parking du Cheval-Rouge (Orléans)

Alliage cuivreux

Diam. 4,6 cm

Orléans, Pôle d’archéologie (inv. 184_MOB_182)

Année de découverte : 2012

Particularité : On ne sait pas qui a gagné cette médaille en 1927. Un avis de recherche est lancé !

Chapelet (crédits : Ch. Camus, Musées d'Orléans, 2019)
Chapelet (crédits : Ch. Camus, Musées d'Orléans, 2019)

Le chapelet

Le mot « chapelet » provient du vieux français chapel, « chapeau ». Il désigne à l’origine la couronne de roses symbolisant les quinze mystères du Rosaire. Ces quinze mystères se répartissent en trois catégories : cinq mystères joyeux (l’Annonciation, la Visitation, la Nativité, la Présentation au Temple, Jésus parmi les docteurs), cinq mystères douloureux (l’Agonie au Jardin des Oliviers, la Flagellation, le Couronnement d’épines, le Portement de croix, la Crucifixion) et enfin cinq mystères glorieux (la Résurrection, l’Ascension, la Pentecôte, l’Assomption, le Couronnement de la Vierge). On connaît un certain nombre de représentations picturales du couronnement de la Vierge par une couronne de roses.

Dès l’époque médiévale se développe un important culte à la Vierge. Le Psautier de la Vierge est diffusé par les Dominicains dès le XIIIe siècle, basé sur le modèle des cent-cinquante psaumes du Psautier du roi David. Il se constitue d’une suite de quinze dizaines d’Ave Maria toujours précédés d’un Notre-Père. Saint Dominique, le fondateur de l’ordre dominicain, aurait reçu de la Vierge le chapelet tel qu’on le connaît aujourd’hui. Le Psautier prend ainsi le nom de Chapelet et les roses des couronnes sont symboliquement remplacées par des perles en bois. Afin d’effectuer le décompte des prières, les fidèles ont recours aux grains du chapelet, qu’ils font glisser entre leurs doigts. Ces grains sont de tailles différentes : les plus gros grains représentent les Notre-Père, les plus petits les Ave Maria. La croix correspond, pour sa part, à la récitation d’un Credo.

Ce fragment de chapelet se compose d’une chaînette ornée de cinq perles circulaires en pâte de verre et d’un crucifix aux extrémités des branches trilobées. Il ne s’agit ici que de la branche terminale du chapelet.

Chapelet

XXe siècle

Parking du Cheval-Rouge (Orléans)

Alliage cuivreux

L. 9 cm

Orléans, Pôle d’archéologie (inv. 184_MOB_076)

Année de découverte : 2012

Montre (crédits : Ch. Camus, Musées d'Orléans, 2019)
Montre (crédits : Ch. Camus, Musées d'Orléans, 2019)

La montre

Les premières montres ont été inventées à la fin du XVe siècle, mais il ne s’agissait alors que de montres de poche. Il faut attendre le début du XXe siècle pour voir apparaître les montres-bracelets vendues en série, juste avant la Première Guerre mondiale. Dès 1926, le mécanisme à remontage manuel est remplacé par un mécanisme automatique, qui évite de devoir remonter le mécanisme quotidiennement.

Cette montre-bracelet est d’un modèle postérieur à 1910. Un médaillon représentant la Vierge y a été rapporté. Elle illustre bien la manière dont les bombardements de la Seconde Guerre mondiale ont figé la vie quotidienne de la ville d’Orléans.

Montre

Début du XXe siècle

Parking du Cheval-Rouge (Orléans)

Or

Diam. 2,3 cm pour le cadran

Orléans, Pôle d’archéologie (inv. 184_MOB_005)

Année de découverte : 2012

Date de modification : 8 juillet 2020

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