Les sociétés de l’Antiquité tardive face à la mort

Colloque international sur les sociétés de l’Antiquité tardive face à la mort

Lors du colloque international sur les sociétés de l’Antiquité tardive face à la mort, à Aix-en-Provence en novembre 2021, Julien Courtois et Laure Ziegler ont présenté la communication suivante : 

Evolution et transformation d’un quartier domestique et artisanal d’Orléans en zone funéraire à partir de la première moitié du IIIe s. de notre ère .

Cette intervention fera l'objet d'une publication dans les Monographies Archéologie Méditerranéenne (MAM) dans l’année.

Pour plus d'informations sur le colloque cliquez ici .

Résumé

Evolution et transformation d’un quartier domestique et artisanal d’Orléans en zone funéraire à partir de la première moitié du IIIe s. de notre ère.

J. Courtois et L. Ziegler (Pôle d'archéologie de la ville d'Orléans)

Une fouille archéologique réalisée en 2017 dans l’enceinte du Lycée Saint-Euverte, à Orléans (Loiret, France), a permis l’étude d’une occupation domestique et artisanale urbaine du Haut-Empire, remplacée à partir du IIIe s. par une zone funéraire perdurant pendant toute la fin de l’Antiquité et le Moyen Âge.

Plusieurs bâtiments sur cave ou semi-excavés ont été identifiés, à proximité d’un réseau viaire mis en évidence lors de précédentes opérations préventives et découvertes anciennes. Les bâtiments dégagés offrent le panorama d’un quartier urbain à vocation artisanale ou commerciale. Plusieurs indices permettent de supposer un développement rapide du quartier, à partir de la fin du Ier s. de notre ère et tout au long du IIe s. Ce développement est interrompu de manière très nette par un incendie, au début du IIIe s., qui a impacté plusieurs maisons du quartier, partiellement ou intégralement endommagées. La plupart de ces maisons n’ont pas été reconstruites et ont été complètement abandonnées, après comblement des caves, dérasement des maçonneries et nivellement de l’ensemble.

Ces parcelles, peut-être laissées en friche, ont dès lors été rapidement investies par une nécropole qui pourrait prendre le relais de celle connue durant le Haut-Empire à quelques centaines de mètres plus à l’est. La sépulture la plus ancienne identifiée lors de la fouille se situe juste au bord d’une ancienne maison, complètement dérasée suite à l’incendie. Les datations radiocarbone la date, au plus tard, de 215, ce qui permet par ailleurs de confirmer que l’incendie du quartier a déjà eu lieu à cette date. Du premier quart du IIIe s. au milieu du Ve s., 37 sépultures ont été mises à jour sur une surface inférieure à 75 m², présentant toutes des caractéristiques similaires : uniquement des inhumations, des individus allongés sur le dos, la tête à l’ouest, déposés en pleine terre, en coffrage ou en cercueil, sans dépôt de mobilier.

Datés de la seconde moitié du Ve s., au moins cinq sarcophages ont été identifiés à l’extrémité nord de la fouille, au plus près de l’actuelle église Saint-Euverte. D’après la tradition, celle-ci reprend l’emplacement d’un petit oratoire dans lequel aurait été inhumé Euverte, évêque d’Orléans, au cours du dernier quart du IVe s. La présence de sarcophages ad sanctos confirme la vocation chrétienne de cette nécropole, au plus tard au Ve s. et peut-être dès le IVe s. si le saint y a été inhumé. Ce site continue à prendre de l’importance tout au long du Moyen Âge, jusqu’à être qualifié de monastère à partir de la fin du Xe s.

Au final, l’utilisation funéraire du site a perduré du début du IIIe s. jusqu’au XIe s. au moins. Durant cette longue période, les 69 sépultures mises au jour présentent des caractéristiques très similaires. Classiques pour les pratiques chrétiennes, elles interrogent quant à la population inhumée aux IIIe-IVe s. : pourrait-il s’agir du premier cimetière chrétien d’Orléans ?

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