À l'origine du blanc manteau d'églises
À l'origine du blanc manteau d'églises
Raoul Glaber (985 - 1047), moine clunisien et chroniqueur du roi Robert le Pieux, témoignait au début de l’an mil du phénomène de reconstruction des églises, avec la formule désormais célèbre du « blanc manteau d’églises » qui recouvre le monde.
On lui doit également un témoignage de premier ordre sur l’incendie qui ravagea Orléans en 989 et qui conduisit à la reconstruction de la cathédrale et d’autres sanctuaires par l’évêque Arnoul. Le moine Helgaud de Fleury, biographe de Robert le Pieux, attribue également à cet évènement un rôle majeur dans la reconstruction de Saint-Aignan et de plusieurs autres monastères : Saint-Hilaire, Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, Notre-Dame-des-Forges, Saint-Vincent et Saint-Paul. De cet incendie, qui serait à l’origine du renouvellement de la topographie religieuse orléanaise, l’archéologie ne trouve aucune trace.
À ces chantiers de l’an Mil mentionnés par les textes, les fouilles archéologiques permettent d’ajouter le prieuré Saint-Samson, Saint-Pierre-Lentin, Notre-Dame de la Conception et Saint-Paul. La crypte de l’église Saint-Avit, redécouverte au XIXe siècle, correspond également à une construction de cette période.
Ainsi, avec près de douze constructions ou reconstructions datées de la première moitié du XIe siècle, « le blanc manteau » d’Orléans paraît bien réel. Pourtant, il n’en reste aujourd’hui que des témoins fugaces, fragments de pierre ou vestiges enfouis, qui ont laissé la place aux édifices que nous voyons actuellement.
Behind the « blanc manteau d’églises » ("white mantle of churches")
Rodulfus Glaber (~985-1047), a Cluniac monk and chronicler, contemporary of Robert II of France (“The Pious”), testified at the beginning of the year 1000 of the huge phenomenon of reconstruction of the churches, coining the now famous phrase “a white mantle of churches” covering the world.
He also remarkably documented the fire which burnt Orléans down in 989 AD and led Bishop Arnoul to rebuild the cathedral and other sanctuaries. According to the monk Helgaud de Fleury, Robert the Pious’ biographer, the event could also have initiated the rebuilding of other sanctuaries that were also destroyed : Saint-Hilaire, Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, Notre-Dame-des-Forges, Saint-Vincent and Saint-Paul. However, no archaeological evidence could be found of this fire which supposedly led to a new religious topography of the city.
Besides these reconstruction sites in the year 1000 as mentioned in textes, archaeological excavations revealed the existence of other sites such as Saint-Samson priory, Saint-Pierre-Lentin, Notre-Dame de la Conception and Saint-Paul. The crypt of the church of Saint-Avit, rediscovered in the 19th century, is also one of the constructions carried out at the turn of the millennium.
As almost a dozen of religious buildings were either constructed or reconstructed during the first half of the 11th century, the “white mantle” covering Orléans appears to have really virtually existed. However, only a few traces of them remain nowadays, such as pieces of stone or buried vestiges, which were replaced by the current buildings.
Le chapiteau
Ce chapiteau a été remployé dans la maçonnerie d’une pile de l’église Saint-Paul, reconstruite à l’extrême fin du XIIe siècle. Sa corbeille (partie principale), comporte deux rangs de feuillages, ainsi que des tiges à volutes s’enroulant au sommet des feuilles d’angles, tandis que les dés sont marqués d’un bouton de fleur à quatre lobes. Il est dépourvu d’astragale (extrémité supérieure de la colonne sur laquelle repose le chapiteau).
Chapiteau
XIe siècle
Église Saint-Paul (Orléans)
Calcaire (du Nivernais)
H. 35 cm, l. 25 cm en partie supérieure et 19 cm à la base
Orléans, Musée des Beaux-Arts (inv. 168)
Année de découverte : 1941
Le tailloir ou imposte
Egalement trouvé en remploi dans les fondations de l’église Saint-Paul, cet élément porte des traces rougeâtres, appellées traces de rubéfaction, pouvant provenir d'une source de chaleur (marque d'un incendie ?) et des coups de ciseau, un outil utilisé pour la gravure, sur sa face supérieure. Il est orné de moulures de bandes (moulures plates) et de petits tores (moulures saillantes et arrondies) qui se prolongent sur deux de ses faces principales. Il pourrait s’agir d’un fragment d’imposte ou de tailloir, c'est à dire de la partie supérieure d'un chapiteau.
Tailloir ou imposte
XIe siècle
Église Saint-Paul (Orléans)
Calcaire (du Nivernais)
L. 17 cm, H. 13,5 cm, l. 19 cm
Orléans, Pôle d’archéologie (inv. LAP 372)
Année de découverte : 2012
Le fragment de chancel (?)
Ce fragment a été lui aussi réutilisé lors de la reconstruction de l’église Saint-Paul. Il provient vraisemblablement de l’édifice antérieur, élevé autour de l’an mil. Il est sculpté de traits courbes convexes et concaves évoquant des motifs végétaux stylisés ou géométriques (entrelacs ?), qui sont délimités par un écoinçon et une bordure se retournant à angle droit dans l’un des angles. Sur une autre de ses faces, un motif concentrique en léger relief d'entre 12 et 12,5 cm de diamètre, comportant une petite entaille en son centre, pourrait avoir servi d'appui à une base de colonnette. Il pourrait s'agir d'un fragment du chancel de l'édifice, c'est à dire de la clôture qui délimite le sanctuaire.
Fragment de chancel (?)
XIe siècle
Église Saint-Paul (Orléans)
Calcaire (oolithique du Nivernais)
L. 26 cm, H. 19 cm, l. 22 cm
Orléans, Pôle d’archéologie (inv. LAP 344)
Année de découverte : 2012
Le claveau
Ce claveau est sculpté d’un décor à forme géométrique triangulaire encadrée par une modénature (ou traitement ornemental) complexe à l’extérieur et par un tore circulaire à l’intérieur. Il constitue l'élément externe d’un arc monumental à plusieurs rouleaux, qui couronnait une ouverture comme un portail ou une grande arcade. Il permet de restituer une évocation assez richement décorée des élévations de l’église cathédrale du début du XIe siècle.
Claveau
XIe siècle
Cathédrale Sainte-Croix (Orléans)
Calcaire
L. 25 cm, l. 21 cm, H. 35 cm
Orléans, DRAC Centre, Monuments historiques (inv. CH24)
Année de découverte : 1942
La base de colonnette
Cette base de colonnette, datant du début du XIe siècle, est parfaitement similaire à celle conservée dans une arcature murale préservée dans le sous-sol de la cathédrale au nord du chœur lors des fouilles du chanoine Chenesseau en 1942. Par ailleurs, on retrouve des bases identiques dans les arcatures murales nord et sud de la crypte de l’église collégiale Saint-Aignan d’Orléans, autre édifice reconstruit vers l’an mil.
Base de colonnette
XIe siècle
Cathédrale Sainte-Croix (Orléans)
Calcaire
L. 28 cm, l. 20 cm, H. 14 cm
Orléans, DRAC Centre, Monuments historiques (inv. CH5)
Année de découverte : 1942
Date de modification : 8 juillet 2020