8-9 mars 2024
Journées Archéologiques de la Région Centre-Val de Loire
Les Journées Archéologiques de la Région Centre-Val de loire auront lieu les 8 et 9 mars à la maison de la Culture à Bourges.
Le Service d'archéologie d'Orléans participe à ces journées avec trois communications qui ont lieu le samedi 9 mars :
- Orléans (Loiret) ZAC Jardin du Val ouest par Mahaut Digan (INRAP), Alfonso Ramirez Galicia (INRAP) et Wendy Laurent (SAVO)
- Orléans (Loiret) une nouvelle nécropole antique à l'ouest d'Orléans : le site de l'ancien hôpital Porte Madeleine par Julien Courtois (SAVO), Matthieu Loeuillet (SAVO) et Caroline Millereux (SAVO)
- Orléans (Loiret) 40-42 quai Saint-Laurent, par Sébastien Jesset (SAVO)
Orléans (Loiret) ZAC Jardin du Val ouest : présentation des premiers résultats
L’opération de fouille archéologique d’Orléans Val Ouest s’est déroulée du 20 mars au 22 septembre 2023. Implantée entre Loire et Loiret, l’emprise de la fouille est située au sein du Val d’Orléans, qui constitue le principal élargissement du lit majeur de la Loire. Il s’étend sur 55 km de long, avec une largeur maximale de 8,3 km. L’emprise de la fouille se trouve dans la partie aval de cet élargissement, à plus d’1 km de l’actuelle berge sud de la Loire. La plaine alluviale de la Loire a un relief très peu marqué (entre 94,1et 93,3 mètres NGF).
L’emprise de la fouille s’étend sur 7 100 m² comprenant 3 secteurs. Le secteur 3 (526 m²) s’est révélé totalement négatif. C’est dans le secteur 1 (5 178 m²) et le secteur 2 (876 m²) que des industries lithiques se rapportant essentiellement au premier Mésolithique et au Paléolithique supérieur final ont été mises au jour.
A l’issu du décapage des 3 secteurs, des concentrations en vestiges lithiques ont été individualisées puis fouillées en fouille fine (au total 94 m²).
Environ 14 000 vestiges lithiques (inventaires en cours) ont été recueillis lors des 3 phases de l’opération comprenant le décapage, la fouille fine et le redécapage. Au total 8 190 artefacts lithiques ont été géoréférencés.
En raison de la densité des vestiges lithiques, mise au jour sur la quasi-totalité du secteur 1 et 2, nous avons adapté les méthodes de fouille. Un redécapage très fin effectué à la minipelle a permis d’enregistrer finement et spatialement les artefacts (dont les petits éléments) mis au jour. Au total 479 m² ont été fouillés selon cette méthode de décapage.
Dans le secteur 1, un niveau renfermant une industrie du premier Mésolithique montre une dilatation relativement importante (environ 30 cm). Et les premiers indices taphonomiques indiquent une moins bonne conservation de ce niveau (dilatation, position des pièces en majorité verticalisées, bioturbation ponctuelle). C’est dans ce même niveau qu’un ensemble de 4 structures de combustion potentiellement mésolithiques sont conservées (les datations restent à confirmer par les analyses).
Toujours dans le secteur 1, une industrie lithique se rapportant au Paléolithique supérieur a été préservée et fouillée sur environ 10 m². Le mobilier est relativement bien conservé. Enfin, quelques rares éléments lithiques se rapportant au second Mésolithique et probablement en position secondaire sont également présents dans le secteur 1.
Dans le secteur 2, un ensemble se rapportant au premier Mésolithique présente des caractéristiques qui indiquent une bonne conservation des vestiges. Le niveau fouillé sur 37 m² est peu dilaté. Les vestiges présentent des états de surface frais. La présence de petits amas de débitage associés à d’autres vestiges dont des fragments de faune, de noisettes ainsi que des pierres posées à plat évoquent des aménagements et une structuration de l’espace.
Le contexte taphonomique favorable de cet ensemble va permettre de mener un ensemble d’analyses dont une expertise fonctionnelle (tracéologie), des analyses techno-économiques et spatiales (remontages), complétées par des datations. Ces expertises permettront d’apporter des données tant chronostratigraphiques que palethnologiques pour cette période du premier Mésolithique.
L’identification sur une vaste superficie de témoins d’occupations du premier Mésolithique auquel s’ajoutent les indices se rapportant au Paléolithique final constitue un fait exceptionnel et inédit dans ce secteur du Val d’Orléans. La configuration du site d’Orléans Zac jardins du val Ouest évoque certains sites d’accumulation du premier Mésolithique documenté dans le nord de la France ou encore en Belgique (Crombé, et al. 2013). Ces découvertes relancent le questionnement sur le peuplement préhistorique du fond de vallée ligérien au début de l’Holocène ainsi qu’en termes de palethnologie si l’on considère les données quantitatives des vestiges qui évoquent une occupation récurrente des lieux.
Référence bibliographique :
CROMBÉ Ph., SERGEANT J. et DE REU J. 2013 - La contribution des dates radiocarbone pour démêler les palimpsestes mésolithiques : exemples provenant de la région des sables de couverture en Belgique du Nord-Ouest, in : Palethnographie du Mésolithique, Recherches sur les habitats de plein air entre Loire et Neckar, Actes de la table ronde internationale de Paris, 26 et 27 novembre 2010, textes publiés sous la dir. de B. Valentin, B. Souffi, Th. Ducrocq, J.-P. Fagnart, Fr. Séara et Ch. Verjux, Société Préhistorique Française, Paris : 235-249 (Séances de la Société Préhistorique Française, 2-1).
Orléans (Loiret) une nouvelle nécropole antique à l'ouest d'Orléans : le site de l'ancien hôpital Porte Madeleine
La fouille de l’hôpital Porte Madeleine à Orléans s’est déroulée entre janvier et décembre 2022, sur une surface totale d’environ 5 000 m². L’opération a été conduite en deux phases, consistant pour la première en la fouille des futures tranchées de réseau desservant le site (sur près de 3 000 m²) et pour la seconde à l’emplacement d’un futur bâtiment universitaire avec parking souterrain.
La fouille a permis de mettre au jour des occupations s’échelonnant de la période gauloise jusqu’aux aménagements les plus récents de l’hôpital, en passant par un établissement agricole médiéval, un cimetière inédit des XIVe-XVe s. et un quartier d’époque moderne. Cette courte communication ne permettra pas d’aborder toutes ces phases d’occupation, mais l’accent sera mis sur la découverte d’une nécropole très particulière datée du Haut-Empire, située en périphérie des voies sortantes. Occupée entre la fin du Ier s. et le milieu du IIIe s., elle se distingue par son organisation en une unique rangée d’inhumations disposées le long d’un mur, sur une longueur minimale de 100 m. Leur comblement livre presque systématiquement des monnaies, ainsi que quelques tablettes de défixion en plomb, dont au moins une en langue gauloise.
Une nouvelle fouille est actuellement en cours sur ce même site, élargissant le périmètre de celle de 2022 et complétant le corpus de cette nécropole antique.
Orléans (Loiret) 40-42 quai Saint-Laurent : un site industriel de la période contemporaine
Pour la première fois à Orléans, un site contemporain a fait l’objet d’un diagnostic puis d’une fouille. L’ensemble des travaux archéologiques prescrits ont permis d’étudier l’origine, le développement puis la transformation d’un site industriel de 3000 m2 situé dans le faubourg oriental de la ville, en bord de Loire .
De l’étude documentaire conduite en amont du diagnostic en juillet 2022, on retiendra l’évolution récente de la parcelle. Ainsi d’après les sources, une famille de raffineurs exerce à cette adresse de 1804 à 1870. Elle cède la place à une manufacture de faïence et poterie ordinaire (article de ménage, poterie horticole, poterie de construction, article de chimie) de 1875 au début des années 30. Une usine et quincaillerie prend le relais avant l’installation de la Société Orléans Pneumatique qui succèdera de 1969 à 1973, transformée en garage automobile qui ferme ses portes en 2022.
Dans un deuxième temps, fin juillet 2022, une couverture photographique avant démolition du garage a permis de renseigner le bâti ancien. Deux bâtiments présents sur plusieurs documents du 19e siècle et attribuables à la fabrique de poterie sont identifiés. Il s’agit de « l’atelier des tourneurs » et de l’« atelier et fours » qui apparaissent sur une vue cavalière de l’usine durant la première guerre mondiale.
Dans un troisième temps, après démolition de tous les bâtiments durant l’hiver 2022, 6 tranchées réalisées à la pelle mécanique mettent au jour un ensemble stratigraphique qui témoigne du remarquable état de conservation des occupations révélées par l’étude documentaire.
La fouille conduite d’août à novembre 2023 a confirmé les premiers résultats avec la mise au jour des vestiges de la raffinerie au centre de la parcelle : à l’est des foyers appartenant à une salle des chaudières ou étuve ; une vaste zone de travail semi excavée à l’ouest ; au centre différentes structures maçonnées dont la fonction exacte reste à déterminer. L’ensemble est systématiquement comblé par d’abondantes céramiques de raffinage.
La manufacture de faïence et poterie se trouve quant à elle principalement illustrée par 3 fours : 2 construits suivant un même plan dont subsiste quelques assises, disposés chacun au centre d’un bâtiment ; 1 construit dans une cave, modifié à de larges reprises et conservé sur une bonne partie de son élévation. L’étude en cour du riche mobilier échantillonné (rebuts de cuisson, moules, outillage, terres cuites architecturales, etc.,) devrait permettre de mieux connaître l’histoire de la dernière manufacture de poterie orléanaise.